Dispensés de sport ?
Comment les patients porteurs d'un stimulateur cardiaque ou d'un défibrillateur cardiaque peuvent reprendre l'activité physique
Chaque année, plus de 1,7 millions de dispositifs de gestion du rythme cardiaque électriquement actifs1 sont implantés à travers le monde. Les jeunes porteurs de prothèses cardiaques, en particulier, se posent de nombreuses questions sur la façon dont, potentiellement, leur vie change après l'intervention. Notamment : ils se demandent s'ils peuvent faire du sport et dans quelles mesures. La médiatisation du footballeur professionnel danois Christian Eriksen qui, après s’être effondré lors d'un match international, s’est vu implanter un DAI (défibrillateur automatique implantable), a renforcé d'autant plus l'attention portée au lien entre les maladies cardiovasculaires et le sport.
Car, contrairement aux recommandations passées, l'implantation d’un stimulateur cardiaque ou d'un DAI ne signifie pas nécessairement que les patients doivent renoncer à toute activité sportive. Souvent, une activité physique adaptée est même recommandée. Dans tous les cas, il faut prendre en compte l’anamnèse individuelle et la condition physique du patient cardiaque. Il est indispensable de consulter son médecin traitant. C’est ce que soulignent les directives européennes actuelles, qui mettent l’accent sur l'importance de considérer la situation individuelle des porteurs de prothèses cardiaques.
Les effets positifs de l’activité physique se font également ressentir chez les patients porteurs de prothèses cardiaques. Dans tous les cas, une activité physique bien dosée complémente le traitement.

L’exercice est bon pour la santé, à condition d'y aller « pas à pas »
En général, la pratique régulière d'un sport a plusieurs bénéfices pour la santé : optimisation de l'oxygénation du corps, réduction de la pression sanguine et régulation des taux de glycémie et de lipides sanguins. L'activité physique est également très importante pour la santé mentale et la réduction du stress. Mais qu'en est-il des porteurs de prothèses cardiaques ? « Les effets positifs de l’activité physique se font également ressentir chez les patients porteurs de prothèses cardiaques. Dans tous les cas, une activité physique bien dosée complémente le traitement. Il n'y a que très peu d'exceptions à cette règle. C'est pourquoi je conseille toujours à mes patients de faire du sport », explique le Dr. Klaus Edel, Directeur médical du service de cardiologie de la clinique de Hersfeld-Rotenburg (Herz-Kreislauf-Zentrums Klinikum Hersfeld Rotenburg).
Il ajoute : « Le moment adapté pour commencer l'activité physique suite à l'implantation dépend toutefois de plusieurs facteurs : dans quel état le patient se trouve-t-il ? Et de quel type d'activité physique s'agit-il ? Par exemple, la participation à un groupe sportif pour patients cardiaques peut être initiée dès la réadaptation cardiologique et prescrite à la sortie de la clinique. Mais les patients doivent, dans un premier temps, renoncer à participer à un marathon. En principe, je recommande à mes patients d’y aller « pas à pas ». En revanche, déconseiller aux personnes portant un stimulateur cardiaque ou un DAI de faire du sport « par mesure de sécurité » devrait être considéré comme totalement dépassé. « Les avantages d'une activité physique régulière sont une vie plus longue, une meilleure qualité de vie et une réduction de la mortalité. L’activité physique permet en effet de réduire presque tous les facteurs de risque cardiovasculaire. »
Quelles sont les activités sportives recommandées et celles auxquelles les patients cardiaques devraient plutôt renoncer ?
Selon les lignes directrices européennes en matière de traitement, les activités sportives présentant un risque élevé de blessures au niveau du thorax sont problématiques pour les porteurs de prothèses cardiaques. Les activités sportives impliquant des contacts physiques répétés comme le judo, le karaté ou encore la boxe, ne sont donc pas appropriées. « Il convient d'évaluer différents risques : pour les porteurs de DAI, il faut tenir compte du risque de perte de conscience. Je déconseille donc la pratique de sports tels que les sports mécaniques, le parachute, le parapente, l'alpinisme ou la plongée. En plongée et en alpinisme à plus de 5 000 mètres d’altitude les conditions de pression peuvent être préjudiciables », explique le Dr. Edel. « Au contraire, je recommande à mes patients toutes sortes de sports d'endurance tels que la natation, la course à pied, la randonnée, la marche nordique, le cyclisme, la danse, mais aussi le yoga, le tai chi, le qi gong. »
En Allemagne, en Autriche et en Suisse, les groupes sportifs pour cardiaques sont un bon moyen de commencer à faire plus d'exercice. Ils sont sous surveillance médicale et permettent aux personnes atteintes de maladies cardiaques, notamment celles équipées d'un stimulateur cardiaque ou d'un défibrillateur cardiaque, de faire du sport en toute sécurité. Selon la fondation Deutsche Herzstiftung2, on dénombre actuellement en Allemagne environ 6 000 groupes sportifs pour cardiaques comptant environ 120 000 personnes actives. « Les groupes sportifs pour cardiaques se caractérisent par un entraînement sous surveillance médicale. C'est pourquoi ils offrent aux débutants et aux personnes qui reprennent le sport un bon moyen de s'entraîner dans un environnement sûr. La dynamique de groupe et l'échange social favorisent, en outre, l'adhésion à une activité physique accrue. Les jeunes patients qui étaient déjà physiquement actifs restent généralement fidèles à leur sport (et à leur club) ou reprennent leur entraînement après l'intervention de la même manière que ceux qui ont dû faire une pause, par exemple à cause de la grippe », indique le Dr. Edel.
« Outre la thérapie sportive appropriée, les participants profitent surtout des contacts sociaux et des échanges réguliers entre eux, par exemple concernant la gestion de leur maladie au quotidien », ajoute Matthias Kollmar, lui-même porteur d'un DAI et Président de l'association allemande des défibrillateurs3. Depuis 25 ans, le Dr. Klaus Edel accompagne et soutient l'association en tant que membre du comité médical consultatif. Organisée au niveau national, l’association offre aux patients porteurs d’un DAI un réseau dense de groupes d’entraide engagés dans toute l’Allemagne et la possibilité de s’informer, d’échanger et de poser des questions.
Outre la thérapie sportive appropriée, les participants profitent surtout des contacts sociaux et des échanges réguliers entre eux, par exemple concernant la gestion de leur maladie au quotidien
1. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666501820300805
2. https://www.herzstiftung.de/ihre-herzgesundheit/leben-mit-der-krankheit/herzgruppen
3. https://www.defibrillator-deutschland.de/index.html